Poème de circonstance | Pour Tanguy DOHOLLAU et Michaël GLÜCK | Des côtes d'Armor à la Méditerranée
dimanche 19 juillet 2015
Pour Tanguy DOHOLLAU et Michaël GLÜCK
Epistoliers de JUILLET | 2015
John Edward MENTHA
Enfermée derrière la grille qui entoure le
bassin des poissons rouges, une petite fille
pleure en regardant tout ce qui se trouve
maintenant pour toujours à distance.Ici
est le centre du monde, elle ne pourra jamais
échapper à cette eau qui retient le ciel
dans la déchirure d’un œil
Heather DOHOLLAU
La Venelle des Portes
***
le potier
assis dans la mémoire
tourne le vase et la plénitude
vin du désert
paroles… »
Michaël GLÜCK
Dans la suite de jours |dit
Nos voix, nos os, nos cendres, nos mots
Finalement il faudrait qu’on se dépêche un peu
à rassembler les moments forts de notre histoire
avant qu’ils soient recouverts par les récits affectifs
de nos enfants
Évocations forcément édulcorées, cariées, lacunaires
La mémoire est liquide, elle coule uniquement
où le passage est possible, jusqu’à la claustration
par une matière non soluble dans l’eau, provisoire :
Le livre avant qu’il ne soit submersible ?
La dalle de la tombe et les os blanchis en dessous,
seulement s’ils ne sont pas incinérés d’un coup
selon les nouvelles façons de mourir en nuées successives
pulsées dans l’anonymat des cheminées de nécropoles ?
Les souvenirs ne s’accrochent pas davantage aux nuages
qu’aux parois des caveaux car leur encre est trop dense
nerveuse, sinueuse, lourde et prompte à chuter au fond du jamais plus,
efficace ponceuse sur les parois du néant, délébile et dévouée…
C’est pourquoi on conseille des épitaphes concises
mais nombreuses aux poètes qui ont aimé les mots
et la vie qu’ils trimballent à longueur de poèmes .
Les sculptures sont peut-être plus loquaces encore…
Quant aux images, même peintes, elles restent plus longtemps …
Mais d’emblée illisibles, tel sourire, tel regard, tel trait, telle couleur
telle attitude interprétable ou non.
Manquent le contexte et l’infime des détails
À chaque image, il faut un code d’entrée
Une autorisation obsolète dès sa prochaine vision
L’auteur de l’image peut-être lui-même ou elle-même
La pensée qui l’accompagne ne peut –être capturée
L’élan scopique est animal, voyez-vous ? …
Il est une appropriation ajoutée à toutes les autres,
la bouche, l’esprit et les oreilles en avant,
prêts à incorporer la nourriture des vivants…
J’ai avalé mon histoire comme j’ai mangé la tienne, Poète,
Sculpteur ou Peintre d’éternité au présent…
Quel repas, dis-tu, avons-nous partagé ?
À quand, et avec qui , le prochain ?
On verra... On lira ...
Marie-Thérèse PEYRIN 19 Juillet 2015 - 17H